Coronavirus : les raisons d’une crise sanitaire
L’urgence sanitaire que nous vivons actuellement montre à nouveau que notre modèle de développement ultra-libéral n’est pas viable et que c’est l’ensemble de l’ordre économique mondial qui doit être remis en question. Les raisons qui nous ont mené·e·s à cette situation sont nombreuses :
Un service public de santé déjà en crise avant l’arrivée du virus
Malgré les alertes des organisations syndicales et des personnels hospitaliers, la logique de rentabilité en France (et dans d’autres pays) a prévalu et ce sont plus de 70 000 lits supprimés en 15 ans et des suppressions de postes massives dans l’hôpital : 20 000 emplois supprimés en 2013, 15 000 de plus en 2014. En 2015, on annonçait la suppression de 17 000 postes supplémentaires d’ici fin 2017. L’hôpital public n’est donc aujourd’hui pas en mesure de faire face à cette crise en termes de moyens matériels et humains.
Solidaires 30 exige, bien au-delà des promesses, un engagement chiffré de l’État permettant un plan massif de financement de l’hôpital public à la hauteur des besoins humains et matériels.
L’État est responsable de la pénurie de matériel médical !
- Le manque de bouteilles d’oxygène
Luxfer dans le Puy-de-Dôme, seule usine française qui fabriquait des bouteilles d’oxygène en France a été fermée et délocalisée en 2018. Ses salarié·e·s, licencié·e·s, demandent sa réouverture. - Le manque de masques
Le 17 mars 2020, sur France Inter, le ministre de la santé, Olivier Véran, estimait qu’il restait « 110 millions de masques » dans les stocks de l’État, alors qu’il y en avait plus d’un milliard, dix ans plus tôt. Pourquoi ? D’une part, l’absence d’anticipation de l’État qui aurait dû prévoir un stock face à la propagation du virus, d’autre part la dépendance de la fourniture de masques auprès de la Chine où la majeure partie de la production mondiale se situe dans les usines de la province de Wuhan coupée du monde avec le confinement. En parallèle, fin 2018, le groupe multinational américain Honeywell fermait son site de production industriel de Plaintel en Bretagne pour le délocaliser en Tunisie, licenciant en même temps 38 salarié·e·s. Cette entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et qui compta jusqu’à 300 salarié·e·s avant son rachat en 2010 par Honeywell au groupe Spirian, fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable. - Le manque de tests de diagnostic
Alors que l’organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une généralisation des tests, la France n’a pour le moment pas les moyens de le faire. De nombreuses organisations de médecins dénoncent le manque de matériel : des réactifs, mais aussi des écouvillons, qui permettent d’effectuer le prélèvement dans le nez de la / du patient·e. Essentiellement fabriqués en Chine et aux États-Unis, ces matériels n’ont pas été commandés, en amont, en nombre suffisant par la France.
Solidaires 30 dénonce un scandale sanitaire face à l’absence d’anticipation de l’État. Nous demandons la relocalisation et la nationalisation des industries et des laboratoires pharmaceutiques et de leurs brevets ainsi que de ces usines de production indispensables à notre système de santé.
DIX ANS DE RECHERCHES SUR LE CORONAVIRUS STOPPÉES ; QUE SAURIONS NOUS AUJOURD’HUI SI CES RECHERCHES AVAIENT ÉTÉ FINANCÉES ?
La Recherche en France est également sacrifiée par les politiques néolibérales. Bruno Canard, spécialiste au CNRS des coronavirus, explique notamment que« sa recherche sur les coronavirus entamée au début des années 2000 a été mise en cale sèche, privée de financement par le revirement des tendances du glamour académique-institutionnel. » Une recherche qui aurait pu permettre d’en savoir un peu plus sur ce virus…
Il est évident, dans ce contexte, que l’Enseignement Supérieur et la Recherche ont un rôle fondamental à jouer. Et pourtant, les préconisations des rapports préparatoires de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et les déclarations de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, si elles se concrétisaient, nous mèneraient encore plus loin dans l’atomisation du service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en mettant davantage l’université et la recherche au service des multinationales, des banques et des institutions financières ; en accroissant et en élargissant le recours à l’emploi contractuel au détriment de poste de fonctionnaires ; en orientant la recherche via un mode de financement par appel à projet en lieu et place de crédits récurrents.
Solidaires 30 exige un financement public massif de la recherche en France !
LA SUREXPLOITATION DE LA PLANÈTE INDIRECTEMENT IMPLIQUÉE DANS LA PROPAGATION DES VIRUS ? DES SCIENTIFIQUES L’AFFIRMENT !
Plusieurs scientifiques font état des multiples épidémies qui s’enchaînent depuis quelques décennies : VIH, le SRAS en 2002-2003 (un coronavirus également), la grippe aviaire en 2006, EBOLA en 2014, ZIKA en 2016 … Pour elleux, ce n’est pas anodin. La circulation des virus de l’animal à l’être humain serait facilitée par : la déforestation – la destruction des habitats naturels des animaux sauvages les rapprocherait des villes à forte croissance urbaine et ainsi pourrait être à l’origine de leur transmission – ; le trafic d’animaux sauvages vendus sur des marchés d’animaux vivants ; la prolifération des moustiques – à cause du déboisement – ; l’élevage industriel, la monoculture. De plus, la mondialisation favorise la propagation d’un virus d’un pays à l’autre, d’un continent à un autre.
Pour ces scientifiques, il est urgent de retourner à une agriculture locale, respectueuse des écosystèmes car il va de soi que, dans le cas contraire, ces épidémies se reproduiront. De même, il est urgent de mettre un terme à l’urbanisation effrénée, à la déforestation et de changer les modes de production de viande et de volaille industrielles.
Solidaires 30 demande le soutien de l’État à une agriculture paysanne et un véritable plan de transition écologique relayé au niveau européen et mondial. Il est également important de revenir à l’autosuffisance alimentaire.
La relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, doit permettre d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux, de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités.
Par ailleurs, cette crise sanitaire nous conforte dans nos revendications, mais aussi dans la nécessité de transformation sociale pour trouver une alternative au capitalisme, respectueuse de l’humain et de la planète.
Solidaires 30 affirme qu’il est désormais de notre responsabilité à tou·te·s de lutter,
avec encore davantage de force, pour imposer le maintien et le développement des services publics, de la protection sociale, de la sécurité sociale ainsi que la mise en application d’un plan de transition écologique afin préserver et améliorer la santé des populations et de la planète.