Bernard Noël
Solidaires, les revues Utopiques et Solidaritat rendent hommage au communeux que fut inlassablement Bernard Noël et le remercient de sa participation à plusieurs numéros de Solidaritat où il répondit à nos questions au sujet de la Commune en général et de son magnifique Dictionnaire de la Commune.
Partons de là : écrit en 1971, il interrogeait avant tout le Pouvoir et la nature de la Commune (ce non-pouvoir). Cette question de l’État, pour laquelle il nous fit découvrir les essais devenus introuvables, à l’époque, d’Arthur Arnould (comme un ajout au livre de Marx prévu sur ce sujet, qui ne vit pas le jour, et ce dont il se désolait).
Sans être une œuvre d’historien, car très loin d’une érudition calme et consensuelle, ce Dictionnaire replaçait tout simplement la Commune dans sa trajectoire et ses possibles : le communalisme, la démocratie directe, la Sociale, en y ajoutant déjà le rôle prépondérant des femmes et insistant sur l’importance de la langue.
Bernard Noël était un grand poète et la Commune était pour lui une forme à part entière de la parole (comme un nœud mais pas une annexe) : le politique, ainsi qu’il aimait à le dire (et Révolution avec un R majuscule) est, comme le poème, fait de peaux et de mots, de mémoires, d’immédiatetés.
Il ne mégotait pas sur les 30 000 morts de la Commune ou les 300 du 17 octobre 1961, lui, porteur de valises du réseau Curiel.
Son Dictionnaire qui vient d’être réédité – pour une quatrième fois – par les Éditions de L’Amourier se trouve toujours un pas en avant, tant, à travers les espaces et les questions, les rencontres d’entre ses articles, il articule un impossible-possible, une pensée en mouvement, une parole de la Commune.
Dans Le Cri du peuple du 17/4/1871 : On a commencé les constructions de l’échafaudage qui doit servir à démonter la colonne Vendôme.
Adieu, camarade Bernard Noël,
Ta pensée va nous manquer,
nous t’embrassons fraternellement.
14 avril 2021